Station chinoise de Kunlun |
Station automatique du Dôme Argus |
Plus récemment, des scientifiques américains du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) ont révélé les résultats d’une campagne de mesures par satellite de la température radiométrique de surface du continent antarctique ; cette étude vient confirmer la précédente et apporter de nouvelles précisions. Elle révèle en particulier des températures inférieures à -90°C mesurées à plusieurs reprises au cours des hivers austraux 1997, 2001, 2003, 2004, 2010 et 2013, par temps clair et en l’absence totale de vent, le long d’une ligne de crêtes dans la partie orientale de l’inlandsis antarctique, qui s’étend du Dôme Fuji (au nord) au Dôme Argus (au sud). Comme on peut le constater sur la carte ci-dessous (ou sur l’animation proposée par la NASA), le satellite Landsat 8 a mesuré une température extrême de -93,2°C (-135,8°F) le 10 août 2010 au nord-ouest du Dôme Argus, mais également une température légèrement inférieure de -93,0°C (-135,3°F) le 31 juillet 2013 à proximité immédiate de la station sino-australienne ou encore de -91,2°C le 3 août 2004 à proximité de la station américano-japonaise du Dôme Fuji.
Figure extraite de l’article de T. A. Scambos, G. G. Campbell, A. Pope, T. Haran, A. Muto, M. Lazzara, C. H. Reijmer & M. R. van den Broeke, « Ultralow Surface Temperatures in East Antarctica From Satellite Thermal Infrared Mapping: The Coldest Places on Earth », paru dans Geophysical Research Letters, vol. 15, n° 12, juin 2018, https://doi.org/10.1029/2018GL078133. |
Plus récemment encore, une étude publiée dans le Bulletin of the American Meteorological Society en mai 2021, a révélé que la température radiométrique de surface était même descendue jusqu’à -110,9°C en 2016 dans le centre-est du continent antarctique !
Températures radiométriques minimales dans le monde entre juillet 2002 et décembre 2019. Source : Y. Zhao et al., "Global Patterns of Hottest, Coldest and Extreme Diurnal Variability on Earth", Bulletin of the American Meteorological Society, mai 2021. |
Déjà en décembre 2013, suite à un communiqué de presse maladroitement rédigé par le NSIDC, il n’avait pas fallu longtemps aux journalistes du monde entier pour s’emparer de l’information et la rumeur d’un nouveau record de froid mondial s’était malheureusement très vite propagée. L’histoire s’est répétée récemment avec la parution de cette nouvelle étude… Par conséquent, il est utile de rappeler ici encore que les mesures de température par satellite ne sont pas comparables avec les observations in situ, un rappel que j'avais déjà eu l’occasion de faire après la campagne de mesures par satellite réalisée par la NASA entre 2003 et 2009 visant à révéler l’endroit le plus chaud de la planète.
Station russe de Vostok |