Les plus fortes anomalies négatives sont observées dans les États américains du Montana, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud. À l’échelle de la région climatique du nord des Rocheuses et des Grandes Plaines (Northern Rockies and Plains, cf. figure ci-dessus), il n’avait pas fait aussi froid en moyenne depuis 1982 sur les 4 premiers de l’année, depuis 1979 sur les 3 premiers mois de l’année, ou encore depuis 1936 sur la période février-mars ! Depuis le début des mesures en 1895, la période février-avril se place au 4e rang des plus froides dans la région, au 3e rang pour la période février-mars et le mois de février 2019.
Le déficit thermique est particulièrement significatif dans l’État du Montana puisque la période février-mars 2019 se classe au 3e rang des plus froides depuis 1895 (comme dans le Dakota du Sud) — mais la plus froide depuis 1936 —, avec une température moyenne de -9,3°C (soit 5,7°C en dessous de la moyenne 1901-2000), contre -10,9°C en 1936 et -11,2°C en 1899. Certaines stations du Montana ont d’ailleurs enregistré leur plus basse moyenne thermique sur la période février-mars depuis le début des mesures, comme Missoula avec -5,0°C (précédent record depuis 1894 : -4,6°C en 1936), Billings avec -7,0°C (précédent record depuis 1935 : -6,7°C en 1936), Helena avec -9,9°C à Helena (précédent record depuis 1939 : -8,2°C en 1989), ou encore Bozeman avec -10,3°C (précédent record depuis 1942 : -9,8°C en 1979).
Après une vague de froid particulièrement sévère durant la seconde moitié du mois de janvier sur l’Amérique du Nord et le nord des États-Unis en particulier — au cours de laquelle l’État de l’Illinois a enregistré un nouveau record absolu de froid —, le mois de février 2019 a été particulièrement froid à l’est des Rocheuses, dans les Grandes Plaines et les Prairies canadiennes (provinces de l’Alberta et du Saskatchewan) : il se classe au 2e rang des plus froids depuis 1895 dans le Montana (2e rang dans le Dakota du Nord, 3e rang dans le Dakota du Sud) avec une température moyenne mensuelle de -14,9°C, derrière février 1936 (-19,9°C). Il se classe notamment au 2e rang des plus froids à Cut Bank depuis 1903 avec une Tm de -19,9°C (contre une normale mensuelle de -4,3°C), à Great Falls depuis 1891 avec -17,9°C (normale mensuelle de -2,6°C), à Havre depuis 1889 avec -21,1°C (normale mensuelle de -5,4°C), à Lewistown depuis 1896 avec -16,8°C (normale mensuelle de -3,5°C), mais au 1er rang à Dillon depuis 1939 avec une Tm de -12,3°C (normale mensuelle de -3,2°C).
Les anomalies thermiques mensuelles ont atteint dans certaines stations du Montana des valeurs rarement observées dans le monde (voire inédites en ce qui concerne les anomalies négatives) : les stations de Great Falls, Cut Bank et Havre ont enregistré respectivement un écart à la normale mensuelle de -15,3°C, -15,6°C et -15,7°C en février 2019. Le contraste est saisissant avec les anomalies thermiques positives observées le mois en suivant dans le nord-ouest du Canada : on a relevé notamment un écart à la normale mensuelle (1981-2010) de +14,4°C* à Inuvik Airport (Territoires du Nord-Ouest) en mars 2019, ce qui constitue un record absolu à la station (précédent record : +12,7°C en janvier 1981) et la plus forte anomalie positive pour un mois de mars à l’échelle nationale (précédent record : +11,3°C en mars 1958 à Mistassisi Post [Québec]) !
Au Canada, l’aéroport international de Calgary (Alberta) a connu son mois de février le plus froid depuis 1936 avec une température moyenne mensuelle de -18,2°C, battant février 1979 (-16,8°C). Depuis le début des mesures en 1885 (et avec les réserves d’usage concernant la fiabilité des données avant 1945), il s’agit du 4e mois de février le plus froid à Calgary derrière février 1904 (-18,4°C), février 1887 (-20,1°C) et février 1936 (-24,5°C).
Légèrement plus au nord, l’aéroport international d’Edmonton (Alberta) a connu son 2e mois de février le plus froid depuis le début des mesures en 1961 avec une température moyenne mensuelle de -22,5°C, seulement devancé par février 1979 (-22,9°C).
Des températures particulièrement basses ont été enregistrées durant la première décade du mois de février 2019 dans le sud et le centre du Saskatchewan : on a relevé notamment jusqu’à -46,5°C le 8 février à Coronach (756 m), soit la plus basse température jamais enregistrée à la station depuis 1971, ou encore -42,5°C le 6 février à Saskatoon SRC qui enregistre ainsi un nouveau record mensuel de froid (précédent record : -41,1°C le 06/02/1976).
Une nouvelle vague de froid est intervenue au début du mois de mars 2019, avec à la clé un nouveau record mensuel de froid pour l’État du Montana : la température est descendue jusqu’à -43,3°C le 4 mars à Elk Park, battant le précédent record de -42,8°C enregistré le 12/03/1897 à Glasgow Number 2 et en mars 1906 à Fort Logan. Des températures glaciales ont été observées les 2, 3 et 4 mars dans le centre nord et le sud-ouest du Montana, en particulier dans la région de Great Falls, avec des températures ressenties proches de -50 (notamment à Malta et à Jordan le 2 mars).
La température est descendue à -39,4°C le 4 mars à Logan Landfill et surtout à l’aéroport international de Bozeman Yellowstone (Gallatin Field Airport) qui pulvérise son précédent record mensuel de froid depuis le début des mesures en 1892 (-32,8°C le 10/03/1932), tout en le battant consécutivement à deux autres reprises (-35,6°C le 3 mars et -36,1°C le 5 mars) !
D’autres stations ont battu ou égalé leur record mensuel de froid, comme Lewistown Airport avec -36,7°C le 3 mars qui pulvérise son précédent record mensuel de froid depuis le début des mesures en 1896 (-33,3°C à plusieurs reprises), ou encore Great Falls Airport avec -35,6°C le même jour, égalant le record mensuel de froid officiel depuis le début des mesures en 1886 (-35,6°C le 10/03/1932 ; record mensuel non officiel : -39,4°C le 03/03/1891).
Le froid a perduré sur le nord du Canada au mois d’avril et ce jusqu’au début de ce mois de mai 2019 : le froid s’est attardé notamment sur le Québec. On relevait encore -31,1°C le 8 avril à l’aéroport de Schefferville, -20,3°C le même jour à Sept-Îles [-22,2°C à l’aéroport de Sept-Îles] (les -20°C les plus tardifs toutes stations confondues à Sept-Îles depuis 1945) et -22,6°C le 1er mai à l’aéroport Radisson La Grande Rivière, la station pulvérisant à cette occasion son record mensuel de froid depuis le début des mesures en 1977 (-14,4°C le 01/05/2003) !
Enfin, à Montréal les températures moyennes mensuelles sont restées inférieures aux normales mensuelles 1981-2010 durant 7 mois consécutifs (d’octobre 2018 à avril 2019 ; seul le mois de décembre a égalé la normale mensuelle) ; la température n’a atteint les 20°C à Montréal qu’à partir du 5 mai, une première aussi tardivement depuis 1989.
Des températures anormalement basses associées à des précipitations excédentaires
Les précipitations hivernales ont été particulièrement abondantes dans l’Upper Midwest (au 5e rang depuis 1895 sur la période janvier-avril, mais au 1er rang sur la période janvier-février), en particulier en raison d’un mois de février 2019 particulièrement humide. Eau Claire (dans le Wisconsin) a notamment enregistré en février 2019 son mois le plus neigeux tous mois confondus avec un cumul de 136,4 cm.
Les précipitations hivernales ont également été excédentaires plus à l’ouest, en particulier dans le Montana où il est tombé 464,8 mm en février 2019 à Black Bear, ce qui constitue un record mensuel pour l’État du Montana (précédent record : 438,2 mm à Poorman Creek en février 1979) !
Les précipitations se sont produites le plus souvent sous forme neigeuse, notamment à Great Falls (cumul mensuel de 82 cm, jusqu’à 107 cm au sud de la ville) et à Bozeman (mois de février le plus neigeux à l’aéroport international de Bozeman Yellowstone).
Bref, un mois de février particulièrement humide dans le Montana mais aussi à l’échelle nationale (au 2e rang depuis 1895), qui ponctue l’hiver météorologique le plus humide depuis le début des mesures à l’échelle des États-Unis contigus avec un cumul moyen national de 228,9 mm (soit un excédent de +33% par rapport à la moyenne), juste devant l’hiver 1997-1998 avec 228,3 mm.
Notons par ailleurs que les États-Unis ont enregistré la plus forte pluviométrie à l’échelle des 48 États contigus sur une période glissante de 12 mois, de mai 2018 à avril 2019 : le cumul moyen national s’élève à 919,5 mm (précédent record : 908,8 mm d’avril 2015 à mars 2016).
Ce record s’inscrit dans une tendance à la hausse de la pluviométrie dans le pays à l’échelle annuelle depuis 1895. Selon l’US National Assessment, les précipitations annuelles ont augmenté de 4% sur la période 1901-2015 à l’échelle nationale (Alaska et Hawaï compris).
On notera enfin que les précipitations ont également été excédentaires sur les 4 premiers mois de l’année 2019 dans tout l’ouest des États-Unis, en particulier en février (qui se classe au 3e rang des mois de février les plus humides depuis 1895), avec notamment d’importantes chutes de neige au début du mois sur la Sierra Nevada : il est tombé (non officiellement) jusqu’à 183 cm (72 inches) de neige fraîche en 24h à la station de ski de June Mountain le 2-3 février 2019 (9h-9h AM), le record officiel pour l’État de Californie étant de 170 cm (67 inches) le 05/01/1982 à Echo Summit (au sud du lac Tahoe).
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* Une des plus fortes anomalies thermiques positives observées à l’échelle mensuelle dans le monde. Le record est vraisemblablement détenu par la station russe Ostrov Vize avec une anomalie de +14,8°C en janvier 2016 par rapport à la moyenne mensuelle calculée depuis 1945, mais qui s’élève à +17,3°C par rapport à la normale mensuelle calculée sur la période 1961-1990 !