CLIMATOLOGIE

samedi 28 mars 2020

Record de haute pression en Islande pour un mois de mars depuis 1883 !

Après s’être maintenue en phase positive durant au moins 91 jours consécutifs (soit du 29 décembre 2019 au 28 mars 2020) avec des valeurs d’indice historiquement élevées en février, l’oscillation arctique (AO en anglais) évolue depuis quelques jours vers des conditions plus neutres et semble transiter vers un mode négatif (au moins temporairement).
L’oscillation nord-atlantique (qui constitue une vue régionale de l’oscillation arctique) évolue également vers un mode négatif, après avoir connu une phase positive durant quasiment tout l’hiver 2019-2020, avec de hautes pressions plus marquées des Açores à l’Afrique du Nord et des pressions anormalement basses entre le Groenland et la Scandinavie (en particulier de l’île de Jan Mayen aux îles Féroé, en passant par l’Islande).

Comme prévu il y a quelques jours, un changement s’est opéré dans la dynamique aérologique ce samedi 28 mars avec l’arrivée d’un puissant anticyclone dans l’Atlantique nord-est, centré au sud de l’Islande. La pression a atteint 1050,5 hPa dès la mi-journée à Hjarðarland í Biskupstungum et 1050,4 hPa à Eyrarbakki sur la côte sud-occidentale de l’Islande : il s’agit de la plus haute pression enregistrée en Islande pour un mois de mars depuis 137 ans ! Il faut remonter au 6 mars 1883 pour trouver des pressions plus élevées dans le pays avec 1051,7 hPa à Vestmannaeyjar (îles Vestmann) et 1050,7 hPa à Stykkishólmur. Il faut également remonter à l’année 1962 pour trouver des pressions supérieures à 1048 hPa au mois de mars en Islande (jusqu’à 1048,5 hPa à Galtarviti) et au 16 avril 1991 pour trouver des pressions plus élevées tous mois confondus (1050,8 hPa à Egilsstaðir).
Notons que certaines stations situées au-dessus de 600 m d’altitude ont enregistré des pressions réduites au niveau de la mer encore supérieures (1054,2 hPa à Setur [693 m] et 1054,1 hPa à Veiðivatnahraun [647 m]), mais l’altitude plus élevée de ces stations rend la réduction barométrique au niveau de la mer moins significative et ne permet pas véritablement les comparaisons.

Notons également que la pression a rarement atteint les 1050 hPa en Islande au cours des 200 dernières années, seulement à 8 reprises au 19e siècle et à 5 reprises depuis le début du 20e siècle (les valeurs les plus élevées sont indiquées ci-dessous pour les 13 événements répertoriés) :
  • 1058,5 hPa le 03/01/1841 à Reykjavik [1057,6 hPa le 04/01/1841] ;
  • 1051,8 hPa le 14/02/1892 à Stykkishólmur et à Akureyri ;
  • 1051,7 hPa le 11/12/1846 à Reykjavik ;
  • 1051,6 hPa le 12/01/1890 à Akureyri ;
  • 1051,1 hPa le 14/01/1892 à Vestmannaeyjar (îles Vestmann) ;
  • 1051,7 hPa le 06/03/1883 à Vestmannaeyjar (îles Vestmann) et 1050,7 hPa à Stykkishólmur ;
  • 1050,9 hPa le 23/12/1836 à Reykjavik ;
  • 1050,0 hPa le 26/02/1890 à Stykkishólmur ;
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  • 1054,2 hPa le 16/12/1917 à Stykkishólmur ;
  • 1051,7 hPa le 25/02/1962 à Dalatangi et le 26/02/1962 à Akureyri ;
  • 1051,1 hPa le 17/01/1977 à Galtarviti (Keflavik) ;
  • 1050,8 hPa le 16/04/1991 à Egilsstaðir ;
  • 1050,0 hPa le 24/02/2006 à Dalatangi et à Skjaldþingsstaðir.

Les modèles prévoient des pressions encore plus élevées le dimanche 29 mars au cœur de cet anticyclone, possiblement jusqu’à 1055 hPa. De telles valeurs sont extrêmement rares pour une fin mars sur le proche Atlantique : le record mensuel officiel de haute pression pour les îles Britanniques, vieux de 67 ans (1048,6 hPa* le 09/03/1953 à Tynemouth [Angleterre]), est d’ores et déjà battu ce samedi soir avec 1048,8 hPa à 20h à Stornoway (Écosse). Si la pression atteint 1050 hPa dimanche, ce sera aussi la 2e fois cette année que la pression dépasse la barre des 1050 hPa dans les îles Britanniques : pour mémoire, la pression en surface a atteint et dépassé les 1050 hPa dans un grand nombre de stations du sud de l’Angleterre les 19 et 20 janvier dernier, enregistrant à cette occasion la plus haute pression tous mois confondus pour les îles Britanniques depuis le 16/01/1957.

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* Ce record paraît néanmoins suspect au regard des archives météorologiques consultées et relèverait plutôt d’une erreur de transcription (la valeur exacte serait en réalité de 1043,6 hPa ce jour-là).
Nous préférons retenir ici comme record le plus fiable les 1047,9 hPa du 3 mars 1990 à St Mary’s Airport (îles Scilly, en mer Celtique).

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